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monliloia
31 juillet 2012

Rendez-vous avec un Homme...

 

Hier soir, nous avions rendez-vous avec Jean-Baptiste Poquelin, dit Molière...

Et oui, ça arrive... Une rencontre culturissime, loin des verbiages et des futilités de la vie ordinaire... 
Cette soirée, je la dois à une collègue... Que dis-je...? À une partenaire du rire et de la dérision... Une amie qui vient me sortir de ma solitude nocturne pour m'emmener vers les hauteurs du sourire et de l'humour, instants rares qui ne font de mal à personne si ce n'est à nos zygomatiques...
 
En l'espace de quelques minutes, nous avons voyagé dans le temps et retrouvé le langage de nos anciens. De Sganarelle à Dorimene dans le Mariage Forcé, à Chrysale bon Bourgeois et sa femme Philaminte des Femmes Savantes, sans oublier Monsieur Jourdain Bourgeois Gentilhomme et tant d'autres...
Une gymnastique des mots et de l'esprit qu'il fallait avoir au XVII ème siècle pour suivre les frasques des personnages et les méandres de la pièce pour en arriver à une conclusion certaine: Molière n'a rien à envier à ses contemporains. Ses textes sont toujours au goût du jour et chaque réplique pourrait être attribuée à quiconque voudrait bien s'y prendre au jeu...
 
Monsieur Jourdain, aidé de son Maître de Philosophie fait une découverte capitale, qui devrait bouleverser la vie de plus d'un de nos pairs...
 

Maître de Philosophie: Par la raison, Monsieur, qu'il n'y a pour s'exprimer que la prose, ou les vers.

Mr Jourdain: Il n'y a que la prose ou les vers?
Maître de Philosophie: Non, Monsieur: tout ce qui n'est point prose est vers; et tout ce qui n'est point vers est prose.
Mr Jourdain : Et comme l'on parle qu'est-ce que c'est donc que cela?
Maître de Philosophie:  la prose.
Mr J: Quoi? quand je dis: "Nicole, apportez-moi mes pantoufles, et me donnez mon bonnet de nuit" , c'est de la prose?
Maître de Philosophie: Oui, Monsieur.
Mr J: Par ma foi! il y a plus de quarante ans que je dis de la prose sans que j'en susse rien, et je vous suis le plus obligé du monde de m'avoir appris cela...!!
Acte II, scène 4 - Le bourgeois Gentilhomme 
 
Aussi, faisons-nous de la prose sans le savoir. Nous nous apparentons à ce langage, cette manière d'écrire qui n’est point assujettie à aucune règle, si ce n'est celle de se faire comprendre par notre interlocuteur... Avec une liberté d'utiliser les mots comme ils nous viennent... Nous imaginerions-nous devoir passer par une norme faisant appel aux vers pour faire part de notre état ...
" Je ne viendrai point,
Ce lundi matin.
La fièvre ayant décidé
De ne plus me quitter"
Nous ne serions pas arrangés. Déjà comme ça, nous ne parvenons pas toujours à communiquer, à nous comprendre...
Et puis, à l'heure où chacun utilise de son imagination pour concevoir et utiliser toutes sortes d'abréviations et de signes, pour communiquer de plus en plus vite par SMS (Short Message Service) que penserait aujourd'hui Molière de toutes ces dérives du verbe..?
Combien de fois ai-je été obligée de lire à haute voix, un message reçu sur mon portale pour tenter d'en comprendre le sens par phonétique...?? Et bien en écoutant la langue de Molière, je me suis rendue compte qu'il m'était plus facile et agréable d'en entendre et d'en comprendre le sens des mots en vieux français qu'il m'est difficile de le lire  dans ce jargon jeune et codifié qu'est le langage SMS !!! Mon grand âge, sûrement...
 
Autre constat, les thèmes abordés dans le théâtre de Molière... En voyant ces acteurs jouer certains extraits de ces plus grands classiques, j'aurais pu changer les prénoms de certains personnages et leurs donner une nouvelle jeunesse...  Point de moqueries...!!!
 
Ne vous sentez-vous pas concernées, mesdames lorsque vous lisez  ces quelques mots:
 
" Il disait qu'il m'aimait d'un amour sans seconde,
Et me disait des mots les  plus gentils du monde,
Des mots que jamais rien ne peut  égaler,
Et dont, toutes les fois que je l'entends parler,
La douceur me chatouille et là dedans remue,
Certain je ne sais quoi qui me rend toute émue."
 
Et bien, c'est à Agnès qu'ils appartiennent...
L'Ecole des Femmes, Acte II scène 5

Comédie représentée pour la première fois à Paris en  1662... !!!

Oh comme cela serait délicat d'être à la place de cette Agnès. S'attarder sur ces paroles, ressentir ses émotions. On l'imagine, on la devine, on s'en souvient même de cette fois où nous aurions pu prononcer de telles paroles...
Ou l'amour prenait le dessus sur le reste du monde... 
Est-il nécessaire d'en donner une version plus contemporaine...?? Mais là encore, ne sont-ce pas les sentiments exprimés les plus importants...???
 
"Il m'a dit qu'il me kiffait grave trop
Et m'disait des trucs trop cool
Des trucs j'avais jamais entendu ça d'toute ma Life
Et chaque fois qu'il me cause
Ça m'fait trop bizarre et dans ma tête y a un truc
Qui me rend toute zarb' " *
 
Quel que soit le siècle, l'époque, la manière de dire ou de l'exprimer, il n'y a rien à redire... Les mots ne se suffisent point toujours à eux-mêmes lorsqu'il s'agit d'aimer...
 
* Remerciements à ma fille, Lisa, pour cette traduction réaliste...!!
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